Chères toutes, chers tous, comme vous le savez, je suis élue depuis juin 2020, au conseil municipal de #Montrouge. J’y suis avec une équipe de femmes et d’hommes, élus et dévoués à notre ville. Nous sommes soutenus par une large équipe de citoyens de Montrouge qui croient en notre projet et nous aident bénévolement à construire et à déployer nos idées. Nous formons aujourd’hui le premier groupe d’opposition locale, il s’appelle L’avenir n’attend pas à Montrouge.
Sachez que le travail, comme élu local d’opposition, est ingrat. Seulement, il peut l’être plus ou moins. Et à Montrouge il l’est énormément, principalement en raison du sectarisme du maire actuel. Il est servi, il est vrai, par un système institutionnel qui lui octroie plus que la majorité absolue au conseil municipal, et comme personne, dans sa majorité, n’ose jamais voter contre le choix du maire, rien ne se passe, ou presque, en conseil municipal. Etienne Lengereau fut pourtant le plus mal élu des maires de Montrouge, ne réalisant que 37% des voix au premier tour, (26% pour nous), et ceci avec une abstention record inédite en France, pour cause de Covid notamment. Il faut savoir que les deux autres villes de la circonscription (Malakoff et Bagneux) ont élu leur maire dès le premier tour à plus de 60% des voix, c’est souvent le cas lorsque les villes sont à peu près bien gérées. Cela aurait du l’inciter à la pondération et à la tempérance, bref : à mieux écouter son opposition.
Mais revenons à notre quotidien d’élu local d’opposition : nous ne sommes pas rémunérés pour notre travail -contrairement aux autres élus municipaux- et comme nous n’avons pas de parti politique avec nous, nous n’avons pas d’infrastructures de campagne et de militantisme ; site Internet, tracts, relais institutionnels nationaux etc. Tout est construit sur nos temps personnels, hors de notre travail et de notre famille, et sur nos deniers personnels. Le temps qu’il nous faut pour préparer les conseils municipaux n’est pas négligeable et, comme les informations dont nous disposons sont très insuffisantes puisque nous n’avons pas accès à l’administration municipale, réservée à l’usage exclusif du maire, sous peine de brimades à l’endroit des agents publics, la préparation des votes n’en est que plus pénible.
Malgré cela, nous sommes toujours fidèles au poste : Anne-Laure, Goulwen, Cécile, Antoine et Christophe : toujours présents, dévoués et impliqués, sans compter Matthieu, Virgile, les Catherines, Colette, Marie-Hélène, Brigitte, Nicole, Gisela, Valérie, Sophie, Philippe, Benoit, Jean-Christophe, Stéphane et tous les autres… Merci à eux de leur fidélité et de leur constance.
Hier soir donc, s’est tenu un conseil municipal dans une ambiance toujours aussi peu professionnelle (en dépit des efforts des services) et peu constructive du côté du chef de la majorité. Rien de nouveau sous le soleil donc. Mais si j’ai décidé de vous en parler aujourd’hui, c’est que, à 8 jours des présidentielles, je commence à comprendre pourquoi les Français sont toujours plus nombreux à être tentés de s’abstenir d’aller voter aux élections. Qu’il s’agisse des élections locales ou nationales, puisque à présent l’élection présidentielle semble ne plus passionner non plus, le sujet mérite d’être posé. Le comportement des maires et de leurs adjoints, responsables des exécutifs locaux, ceux qui sont au pouvoir, a un effet important sur l’abstention. Un bon maire, avec une équipe motivée et respectée peut donner envie de voter, quelle que soit son orientation politique, ce n’est pas une question d’étiquette mais d’éthique. Un bon comportement peut inciter à la participation et joue sur la confiance dans le politique. Si les Français n’ont plus envie d’aller aux urnes, c’est autant en raison des partis politiques actuels, rancis et incapables de se renouveler, que des comportements des représentants que ces partis politiques ont choisi de se donner.
Trois exemples des sujets abordés hier vous donneront un petit aperçu de la situation. Commençons par le pouvoir d’achat et la politique de soutien au commerce d’Etienne Lengereau. Avec mes camarades, nous soulignons hier que les prix d’une large partie des commerces de bouche à Montrouge sont trop élevés par rapport au pouvoir d’achat réel de la majorité des montrougiens : en cette période où l’inflation monte, le niveau des prix devient donc intolérable. Or, il faut savoir que le maire vend des fonds de commerce à des prix bas, en dessous du prix fixé par France Domaine. Pourtant il n’a aucune obligation de vendre les biens immobiliers au prix fixé par France Domaine, et l’intérêt même de la ville est de vendre plus cher pour faire entrer de l’argent public dans ses caisses, sauf s’il était choisi de soutenir des commerces solidaires, sociaux, ou à portée écologique et non rentable. bref, l’argent public doit servir l’intérêt général, c’est un truisme, mais je ne pensais pas qu’il fallait se battre pour en démontrer le bienfondé dans un conseil municipal. Donc Etienne Lengereau vend des biens de la commune à certains commerçants à des prix bas, or ces commerçants, triés sur le volet, sont plutôt des commerces de bouche de luxe. Pourquoi choisir des commerces de luxe? Est ce que c’est bien servir l’intérêt général que d’utiliser de l’argent public pour des produits que seuls les plus riches peuvent s’offrir? A cette question, pas de réponse évidemment, mépris et condescendance.
Ukraine : nous proposons un voeu de jumelage avec la ville de Tchernigov, au nord de l’Ukraine. Il y a, à Montrouge, des habitants nés là-bas, ils ont de la famille et organisent des réseaux d’entraide : ils ont besoin de soutiens matériel, moral et politique. Un jumelage est un trait d’union symbolique fort, incarne la fraternité entre les peuples, et serait donc un pas pour accélérer la solidarité que la mairie pourrait être en situation d’offrir, si elle le voulait vraiment. Or, contre toute attente, ce projet de jumelage a été refusé. Sans explication plausible. La députée de la Rem, a aussi voté contre la solidarité avec les Ukrainiens, en totale contradiction avec les déclarations et le travail acharné du Président de la république qui met tout en oeuvre pour soutenir les Ukrainiens et les réfugiés.
Et pour finir, le pire je crois, s’est exprimé hier, sur un sujet qui me tient particulièrement à coeur : l’enfance et l’éducation. Depuis plus d’un an, un groupe important d’élèves, de parents et d’enseignants du collège privé catholique de Montrouge, Jeanne d’Arc, dénonce un climat de peur et une gestion des ressources humaines punitive et brutale qui a conduit près de 17 salariés et enseignants sur un total de 50 au départ. (licenciements, burn-out, démissions etc..). Anxiété, harcèlement moral, menaces, l’ambiance s’est gravement détériorée. La presse s’en est fait l’écho. Les parents se sont constitués en un collectif de 150 personnes, les enfants ont manifesté, les syndicats ont protesté publiquement, toutes les autorités compétentes ont été saisies. Evidemment le maire de Montrouge fut interpellé en premier lieu. Résultat? Rien, silence, dénégation, refus de répondre à des citoyens en détresse. Je l’ai interpelé déjà en conseil municipal : il a nié avoir été saisi par les parents. Cette fois ci, il ne pouvait plus nier : il a répondu avec mépris et cynisme qu’il n’y avait rien à en dire et qu’il n’y avait aucun problème. Pourquoi cette Omerta? Pourquoi cette indifférence du conseil municipal où nous sommes les seuls à nous préoccuper de ce sujet ? Personne ne tend la main et même l’oreille à ces familles qui demandent pourtant à être entendues et donc respectées. La moindre des choses est de répondre, d’écouter, d’essayer de comprendre et de faire de son mieux pour apaiser les conflits et, si l’apaisement n’est pas possible, tout faire pour les régler dans le respect du droit et, surtout, de l’intérêt des enfants et des adolescents.
Quelle est la morale de l’histoire ? Au lieu d’être capable de se rassembler sur des sujets importants pour le bien-être de nos compatriotes, pour l’entraide indispensable avec les victimes de la terreur de Poutine, la tenue du conseil municipal n’aboutit à rien, car Etienne Lengereau préfère traiter nos propositions par le mépris, jugeant sa gestion largement satisfaisante et suffisante. Et c’est ce type de comportement qui décourage nos concitoyens d’aller voter.
Je suis engagée depuis des années, je ne suis pas naïve et je sais les difficultés de l’action politique locale et nationale ; mais ce que je vois, pour la première fois comme élue locale, en viendrait presque à me décourager de l’action politique si je n’étais pas très déterminée, avec une équipe enthousiasmante, à continuer à défendre les idées de justice, de liberté et de progrès.
Je conclus avec de l’espoir : il ne faut pas penser pour autant que ces comportements sont normaux et répandus dans la vie des collectivités locales. La plupart des maires sont soucieux du bien être de leur concitoyens, c’est même la principale motivation de leur candidature, en général. Gardons l’énergie pour convaincre nos concitoyens qu’il faut aller voter, à toutes les élections. C’est vital pour la démocratie et c’est ce qui permet de bien choisir, de ne pas se laisser imposer le pire par une toute petite partie du corps électoral. La démocratie doit vivre, se déployer et s’ouvrir au maximum de monde, pour faire surgir la vérité et aussi, les meilleures décisions pour le bien commun. Pour les prochaines échéances, chassons le spleen politique, votons !