“Contre les compromissions de LFI sur le Hamas, gauche républicaine et progressiste, réveille-toi !”
Marianne, le 26 octobre 2023
Dans une tribune publiée dans Marianne à l’initiative de Juliette Méadel, ancienne ministre fondatrice du mouvement « L’Avenir n’attend pas », plusieurs personnalités issues de la gauche progressiste et républicaine déplorent la faute de la gauche insoumise, morale, politique, historique, sur le conflit entre Israël et le Hamas.
Trois semaines après l’attentat du 7 octobre 2023 en Israël, quinze jours après l’appel au secours des 65 intellectuels et militants de la gauche israélienne, la gauche française ne répond pas, tergiverse, hésite, se compromet même, avec l’extrême gauche insoumise. Pendant combien de temps encore ? Pourquoi la gauche française n’est-elle pas capable d’être aussi pertinente et claire que la gauche allemande qui a dit son soutien à Israël et sa solidarité avec toutes les victimes dès les premiers jours ? Combien de jours faudra-t-il pour qu’une position commune de la gauche progressiste et républicaine ne s’exprime ?
Nous, citoyens de gauche et apparentés, voulons dire notre soutien, notre solidarité avec les victimes du Hamas, israéliennes et palestiniennes, et notre opposition radicale à l’extrême gauche insoumise française. Notre voix porte moins mais nous tenons à rappeler quelques vérités simples, et pourtant évidentes, pour que le constat en soit partagé plus largement et pour commencer à jeter les bases d’une reconstruction politique indispensable, à gauche.
PLUS GRAND CHOC DE L’HISTOIRE JUIVE POST-SHOAH
Oui, l’attentat de masse dont Israël a été la victime le 7 octobre dernier est sans précédent dans l’horreur : exécutions, viols, mutilations, décapitations et meurtres d’enfants, organisés pour être filmés et diffusés sur les réseaux sociaux comme outil de propagande et d’appel à la haine contre tous les juifs. Oui, c’est le plus grand choc de l’histoire juive post-Shoah. Non, nous ne considérons pas que cet attentat est un acte de politique étrangère d’un État contre un autre État parce qu’il serait faux de mettre sur le même plan les actions, même condamnables, d’un État démocratique et ceux d’un groupe terroriste, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza, en semant la terreur et la désolation. Israël n’a pas torturé des enfants, violé leur mère sous leurs yeux, et égorgé de vieille dame dans leur fauteuil roulant. Oui nous sommes solidaires des victimes civiles palestiniennes du Hamas.
Lorsque la France insoumise refuse de qualifier ces actes pour ce qu’ils sont, elle se fait le porte-voix d’un antisémitisme hélas en augmentation, au moins depuis l’attentat de Toulouse où, à l’école Ozar Hatorah, le terroriste Mohammed Merah a tué sans ciller trois petits enfants Arié, Gabriel Sandler et Myriam Monsonégo après avoir abattu Imad Ibn Ziaten, fils militaire exemplaire de la courageuse militante pour la laïcité, Latifa Ibn Ziaten, à Montauban. Ces victimes incarnaient la République et ses principes dont le respect nous permet de vivre ensemble, le mieux possible. Que s’est-il passé depuis ? Les attentats se sont multipliés, contre la République et son creuset laïc, au nom du terrorisme islamiste. Malgré cela, notre pays est toujours debout, mais les extrêmes se sont renforcés. L’extrême droite d’abord, qui surfe sur un racisme anti-musulman facile à exploiter en ces temps troublés. L’extrême gauche ensuite, par la voix de la France insoumise, qui se complaît désormais dans des dérives allant jusqu’à qualifier le Hamas de mouvement de résistance, quand ce dernier a commis un pogrom, et dernièrement, allant même jusqu’à se faire le relais de l’information douteuse prêtant à Israël la responsabilité de la destruction d’un hôpital et la mort de civils à Gaza – drame dont la responsabilité demeure incertaine à ce jour –, ou encore à désigner à la vindicte la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
FRACTURES DE LA FRANCE
La faute de la gauche insoumise est morale, politique, historique, quand la gauche tout entière, jusqu’au centre gauche, fidèle à ses principes, devrait se battre de toutes ses forces pour lutter contre l’antisémitisme et le racisme : derrière ce combat se jouent notre existence même et celle de nos enfants. Comme toujours dans l’histoire, la lutte contre l’antisémitisme n’est pas le combat des juifs, c’est le combat de tous, pour tous, et pour des principes universels, auquel tout un chacun aspire : la liberté, la tolérance, et la paix. Face à l’islamisme radical qui prône la détestation de l’autre, de nos principes, de la liberté, de l’égalité femmes-homme, de l’éducation, de l’esprit critique, qui est un totalitarisme, c’est le combat de la vie et de l’universalisme républicain, c’est le combat de la France des lumières, et c’est aussi le combat des fondateurs de l’humanisme de gauche, de Jaurès à Clemenceau.
Ce constat, pourtant essentiel, peine à rassembler à cette heure, où le choc des attaques, le déni condamnable des insoumis, illustré par les outrances de Jean-Luc Mélenchon, en tétanisent plus d’un. Nous, citoyens, militants, élus en appelons, en signant ce texte, à une clarification idéologique, voire à des états généraux pour unir les Français autour de ce triptyque essentiel : le respect de l’ordre républicain et de l’autorité de l’État, la sanctuarisation de l’Éducation nationale, et la laïcité comme principe supérieur de notre République. Les tragiques événements du 7 octobre sont un révélateur des fractures de la France, ils appellent une prise de position nette en faveur de la République si nous ne voulons pas que la désunion civile se radicalise. Il n’est pas trop tard.
Signataires
Juliette Méadel, Conseillère municipale, ancienne ministre, chargée de l’aide aux victimes d’attentats, Montrouge
David Kimefeld, Conseiller municipal et métropole de Lyon, ancien président de la métropole de Lyon,
Goulwen Le Gall, conseiller municipal et communautaire, Montrouge
Yves Blein, conseiller métropolitain, Rhône, ancien député
Anne-Laure Crochat, conseillère municipale, Montrouge
Laurent Azoulai, fondateur du cercle Léon Blum, Paris
Sophie Segond, conseillère municipale de Paris, fondatrice de Pollen
Georges Kepenekian, conseiller municipal de Lyon, ancien maire de Lyon
Béatrice Faillès, fondatrice de A nous la République, Paris
Jean-Luc Mano, conseiller en communication, Paris
Didier Vuillerme, conseiller métropolitain, Rhône
Pierre Venteau, ancien député, Haute Vienne
Julien Lamy, militant progressiste, Montrouge
Prosper Kabalo conseiller municipal Villeurbanne
Jérémy Eldid, conseiller municipal et communautaire de Limoges
Sylvie Lequin, militante associative, Paris, ex-adjointe au maire de Paris 14
Cédric Grunenwald, ancien élu socialiste, paris 14
Françoise Ababie, présidente associative, Paris 14
Sylvie Boudoulec, militante associative, ex proviseure, paris 14
Christian Eckert, ancien ministre
Sylvie Palomino, ancienne conseillère municipale Lyon
Gérard Yahiaoui, Montrouge
Marie-Hélène Millot, Montrouge
Colette Geoffrey, Montrouge
Laurent Beauvais, Ancien Président du Conseil régional de Basse Normandie
René Bokobza, Paris 5ieme
Catherine Yahiaoui Saurel, Montrouge
Mehdi Ababou, Montrouge
Jean Lacassagne, PRG24
Caroline Feldman,
Fabien Colonna d’Istria,
Christelle Salas, Montrouge
Valérie Vif, Montrouge
Nicole Chémali, Montrouge
Brigitte Jannot, Conseillère de la Métropole de Lyon
Caroline Bonafos,
Matthieu Guth,
Maryline Saint-Cyr, Conseillère de la Métropole de Lyon
Florence Laneurie,
Yves Taïeb,
Annie Zaouche,
Patrick Jaquet,
Attilius Ceccaldi,
Sylvia Mille,
Gwénaël Bidault,
Didier Guillot,
Louise Méadeb Zermizoglou,